14 juin 1888 : Décès à l’âge de 66 ans, de l’abbé Charles-Nazaire Boudreau, premier prêtre madelinot, curé de Havre-Aubert.
Nous reproduisons avec autorisation une description biographique de l’historienne Pauline Carbonneau, auteure de « Découverte et peuplement des Îles de la Madeleine », la photo utilisée provient d’ailleurs du fonds qu’elle a confié au Centre d’archives régional des Îles en 2012:
" L’abbé
Charles-Nazaire Boudreau est né à Havre-Aubert en 1822, de l’union de Benoit
Boudreau et de Geneviève Boudreau, tous deux descendants de la famille de
François « Manne » Boudrot et de Jeanne Landry, dont les fils Joseph,
François et Charles ont assuré la descendance de cette lignée de Boudreau aux
Îles. L’alliance entre les familles Boudrot de son père et de celle de sa
mère fait que sa lignée maternelle est aussi importante dans la généalogie de
l’abbé Charles-Nazaire Boudreau que sa lignée paternelle. Benoit était le fils
de Joseph Boudrot et d’Élisabeth Boudrot. Son grand-père Joseph Boudrot marié
à Louise s’installa aux Îles vers 1766. Quant à Geneviève, elle était la
fille de Louis Boudrot fils de Charles et de Marie-Madeleine Chiasson. Louis était
l’époux de Louise Dugas, la première sage-femme des Îles de la Madeleine. Tous
ces ancêtres de l’abbé Charles-Nazaire Boudreau étaient parmi les premières
familles à s’établir aux Îles, avant l’arrivée des Miquelonnais.
Après ses
études classiques au Séminaire de Sainte-Thérèse et par la suite en théologie
au Grand Séminaire de Montréal, Charles-Nazaire Boudreau est ordonné prêtre en
1848 et un an après, est nommé à la tête de la paroisse
Notre-Dame-de-la-Visitation en remplacement de l’abbé Alexis Bélanger qui était
parti s’établir à Terre-Neuve avec un groupe de Madelinots. Pendant les 39 ans
(1849 à 1888) que dure son ministère, il fait construire le premier
sanctuaire à Bassin ainsi qu’une magnifique église en bois à Havre-Aubert et
qui est démolie en 1960, pour faire place à un temple plus moderne.
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Fonds AP11, P55 Abbé Charles-Nazaire Boudreau, couvent à Havre-Aubert avant 1888 |
Charles-Nazaire Boudreau est le maître d’oeuvre d’un couvent à Havre-Aubert, dans le but de former des institutrices, mais les religieuses de la Congrégation Notre-Dame iront s’établir à Havre-aux-Maisons. L’abbé Onézime Hubert, un sulpicien, réussit a les faire s’établir dans sa paroisse à Havre-aux-Maisons, même s’il n’y avait aucun couvent pour les loger. Quant à celui qu’avait fait construire l’abbé Boudreau, il servira de presbytère jusqu’à sa démolition en 1983.
L’abbé
Boudreau ouvre aussi une école à L’Étang-du-Nord et une autre à Lavernière. Il
paie les études de plusieurs jeunes garçons, entre autres, des abbés Stanislas
et Nazaire Boudreau et d’Édouard Noël qui fit des études classiques pour revenir
enseigner aux Îles vers 1870. Même si un siècle nous sépare, ce dévoué pasteur
comprend l’importance de l’instruction pour les filles. Il n’hésite pas à payer
les études de sa nièce, Appoline Gaudet, mon arrière-grand-mère, qui étudiera
deux ans à Charlottetown, pour ensuite enseigner à L’Étang-du-Nord avant
d’épouser Samuel Boudreau. Ne voulant pas laisser la population dans
l’ignorance, l’abbé Charles-Nazaire Boudreau pousse le dévouement jusqu’à
donner des cours du soir, aux jeunes adultes.
Voulant améliorer
la vie de ses paroissiens, l’abbé Boudreau les soutient dans leurs
revendications pour être propriétaires de leurs terres mais en les
exhortant à la patience. Ce fut sans succès et il doit se résoudre à voir ses
ouailles tenter leur chance ailleurs. Avec l’aide de ses paroissiens les plus
riches, il fait construire un moulin à farine près du Grand-Ruisseau du
Bassin, en 1856. Les gens savent reconnaître son dévouement en désignant ce
moulin « le moulin du Père Boudreau ».
Son
patriotisme le pousse à être le représentant officiel des Îles de la Madeleine
à la Convention nationale des milieux francophones qui a lieu à Québec le 24
juin 1880 et ensuite aux Conventions acadiennes de 1881 et de 1884.
Il exerce
son ministère jusqu’à la fin de sa vie qui se veut de plus en plus chancelante.
Son dernier baptême est celui de Léda Bourgeois née le 4 juin 1888 et mariée
par la suite à Charles Boudreau qui devint maire de Havre-Aubert. Rose-Délima
Gaudet relate dans ses écrits que l’abbé Charles-Nazaire Boudreau ne peut plus
tenir la plume et que c’est son neveu l’abbé Nazaire-Antoine Boudreau qui
consigne cet acte au registre. L’abbé Charles-Nazaire Boudreau meurt à
Havre-Aubert, le 14 juin 1888, à l’âge de 68 ans. Ses restes furent enterrés
dans l’église qu’il a fait construire à Havre-Aubert et à la démolition de
celle-ci, furent transportés au cimetière de la paroisse. Une plaque
commémorant l’œuvre de cet Acadien est à l’entrée de l’église Notre-Dame de la
Visitation de Havre-Aubert. »
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