Leonard Clark est né le 18 décembre 1922. Il est le
fils de Henry Allen Clarke (à Henry à Henry à James) de Old Harry et Evelyn Taker
(à Herbert et Ada « Annie » Clarke). Il est le huitième d’une famille de 13
enfants.
Son arrière-grand-père, son arrière-grand-oncle
William « dit Bill » et son arrière-arrière-grand-père James, arrivés aux Îles
entre 1827 et 1832, apportèrent leur
aide aux rescapés du naufrage
de la barque irlandaise « Miracle » * en 1847 où au moins 150 immigrants
trouvèrent la mort; plus de 250 furent toutefois sauvés grâce à leurs soins.
Ces secours ont d’ailleurs coûté la vie à l’épouse de James, Mary Goodwin,
quelques mois plus tard lorsqu’elle contracta la fièvre du typhus et du choléra
contractée durant ces soins. Le récit de ce naufrage transmit par ses ancêtres,
fut publié en 1992.[i] Plusieurs Clark faisaient partie de ce
naufrage. Paradoxalement,
l’arrière-grand-père maternel de Leonard était un naufragé du nom de
Tager lors du naufrage de la barque « Good Intent » à
Pointe-aux-Loups le 16 décembre 1856.
Trouver plus d’informations sur ses propres
ancêtres a sans doute motivé Leonard Clark à effectuer toutes ses recherches sur
les naufrages autour des Îles. Le 1er juillet 1988, il dresse
d’ailleurs une liste des naufrages qui ont eu lieu dans les alentours de l’Ile
Brion à partir d’autres sources que les listes de navires marchands (Mercantile
Navy List) qui ne commencent officiellement que vers 1849.
En 1969, en mémoire de ceux qui ont péri durant la
tragédie du Miracle, Leonard Clark
fait ériger une croix au bout de la Pointe de l’Est. On mentionnait encore
trouver les traces de cette croix ensablée en 1988, dans une des éditions
de « The First Informer ». Un docufilm de 1980[ii]
permet de voir des images de cette croix et une entrevue avec Monsieur Clark.
“It
is on the far end of the beach of Old Harry at East Point that a cross was
erected in 1969 in memory of the "Miracle", one of our largest
documented shipwrecks, and of ail the fishermen who have lost their lives in
these waters. Over the years the cross has blown down, but remains of it can
still be found if you are energetic enough to tramp the sand dunes and search.”
[iii]
La vie de Leonard Clark est trop longue pour en
énumérer toutes les facettes avec justice, lui qui se disait vieux dès l’âge de
20 ans, après ses 3 ans de services actifs dans l’armée (1942-1945) et une
vingtaine d’années dans les Forces armées Canadiennes. Voir des amis mourir sur
la base auprès de lui l’a marqué à jamais. Après avoir épousé Charlotte Clark, il tente
une nouvelle vie pendant une dizaine d’années dans la pêche, jusqu’au décès
accidentel de son fils Roy, en 1972, à l’âge de 15 ans. C’est cette tragédie qui lui
fera abandonner ce métier risqué et exploiter durant plusieurs années, des
champs de fleurs et de fraises à Old Harry.
Il est connu à travers les îles entières à la fois
pour ses talents d’agriculteur et sa passion pour les naufrages et l’histoire.
Au fil du temps, il dessine à la main une carte des naufrages repérés
ou recensés autour des Îles, dont plusieurs chercheurs, même le Père Frédéric
Landry, ont pu puiser abondamment pour leurs écrits. En 2008, il affirmait qu'au moins 1000 naufrages avait eu lieu dans les eaux autour des Îles-de-la-Madeleine.
En août 1986, Leonard Clark voit à nouveau sa
famille touchée par un acte de courage qui coûte la vie à son fils de 25 ans,
Aaron. Celui-ci est happé par une vague alors qu’il sauve, avec l’aide de sa
sœur Elaine et une longue chaîne humaine, la vie de deux jeunes nageuses sur la
plage d’Old Harry. Il obtiendra une médaille de bravoure à titre posthume pour
ce geste. Un tel altruisme semble transmis directement des gênes de ses ancêtres.
Une plaque commémorative en l’honneur de son fils est installée sur les portes
de l’Église de Old Harry : “The doors are a memorial to Aaron Clark who
drowned in the summer of 1986 while successfully saving the lives of two
teenage girls caught in an undertow.”
Le décès de cet autre fils, presque 15 ans après
celui de Roy, semblait gravé dans le destin de cette famille éprouvée, mais
dont la résilience demeure indéfectible. Pour conjurer le passé ou peut-être répondre
à des questions existentielles, il consacre encore plus de temps à la recherche
et l’histoire des Îles. En 1988, Leonard
Clark participe activement avec l’équipe de l’archéologiste Moïra McCaffrey ,
chargée de dresser l’inventaire du potentiel archéologique des Îles. Ayant
lui-même identifié des sites à Old Harry, montrant les traces de la chasse
active aux morses qui s’y déroulait, il accorde à l’archéologue plusieurs mois
de bénévolat. Il participera d’ailleurs à de nombreuses entrevues et
publications. Une de ses premières apparitions audiovisuelles s’avère être le
docufilm L’Épave de la Dune de l’Est
tourné en 1980, par Richard Lavoie. Dans ce récit, il se souvient du jour où il se rendit avec son père jusqu'à l'épave du film, une goélette de Nouvelle-Écosse échouée en 1927. Sa dernière participation de nature plus
biographique, fut celle du docufilm The Legends of Magdalen Islands où il est le personnage-clef.
“Legends of Magdalen explores the
shipwrecks and treasures of Québec’s Magdalen Islands. (This) 45 mins documentary is led by Leonard
Clark, a local fisherman, farmer and self-taught archeologist, who has studied
hundreds of sunken ships around the Islands."
Ce film, vu en première mondiale dans l’église de
Old Harry le 3 août 2013, fut récipiendaire de nombreux prix. Il fut également
présenté sur CBC’s Absolutely Quebec, The Documentary Channel (Canada) et fut diffusé
pendant plusieurs mois sur les vols d’Air Canada. [iv]
Le producteur et réalisateur Gregory Gallagher se dit honoré d’avoir pu
rencontrer Monsieur Clarke et réaliser ce film inspiré de sa vie : “I am honoured to have had the opportunity to
meet Leonard and help create a film legacy of his life called "Legends of
Magdalen".”
Le 28 avril 2016, Leonard Clark décède à l’âge de
93 ans. Il était l’époux de feu Charlotte Clarke et le père d’Elaine, Sandra,
Pauline, Douglas, Angela, Roma, feu Roy et feu Aaron. Il avait 12
petits-enfants : Melanie, Saul, Lana, Lorelie, Lars, Kristy, Katelyn, Sarah,
Jessica, Jenna, Corey, Neil et deux arrière-petits-enfants Maelle et Elliot.
Une de ses sœurs, Rhoda Davies, lui survit toujours, ainsi que le leg
historique que représente le fruit de ses longues recherches sur l’histoire des
Îles.
Le personnel et les membres du Conseil
d’administration du Centre d’archives régional des Îles offrent leurs plus
sincères condoléances aux familles éprouvées.
Note : La « Miracle »,
une barque de trois mâts à hunier, sombre peu après être enlisée dans le sable
de la Pointe de l’Est, le 19 mai 1847 avec 408 émigrants irlandais à son bord. Au
moins 150 personnes auraient péri durant le trajet, le naufrage, la nage et le
voyage du retour vers la Nouvelle-Écosse. (éphéméride à paraître le 17 mai). Un
autre article en fait mention dans le blogue du Centre d’archives.
Many thanks to Linda Hart, Gregory Gallagher's wife, who allows us the use of her painting for this biography and to Saul Clark-Gagnon who gived us more detail on his grandfather life.
[i] Info
Géo Graphes, Québec, Numéro1, avril 1992, p.107
[iii] The
First Informer 1988, July 1th, supplement The Magdelen Islands p. 11
[iii]
L’épave de la Dune de l’Ouest. Coproduction Richard Lavoie et Télé-Québec, 1980,
28 : 40 min.