Franklin Delaney est né en 1940 à
Havre-aux-Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine, il est le fils de Albert Delaney
et de Claudia Arseneau. Dès l’âge de 13 ans, il quitte les Îles pour ses études
classiques (B.A.) au Collège de Bathurst au Nouveau-Brunswick, qu’il termine en
1961. Il est ensuite licencié en droit de l’Université d’Ottawa en 1967 et
admis au Barreau du Québec en 1968. Dès sa sortie de l’Université, il entre au
CRTC, en devient le secrétaire et quitte l’organisme en 1971 pour acquérir et
diriger une entreprise de stations de radio au Québec jusqu’en 1982.
Il participe aussi à différents projets dans le domaine des communications. De
1982 à 1990, monsieur Delaney est au service de la Société Radio-Canada comme
conseiller du président, puis devient premier vice-président de la Société et
vice-président de la télévision française. Il est aussi président fondateur de
TV5 en 1988.
À partir de 1990, il agit à titre de consultant pour plusieurs entreprises,
organismes et gouvernements dans le domaine de la radio, de la
câblodistribution, des télécommunications, de la production télévisuelle et
cinématographique. De 1998 à 1999, il préside TQS inc. Au cours de sa carrière,
il a participé à de nombreuses études et rapports dans le domaine des
communications ; il fut particulièrement actif dans la promotion de
l’audiovisuel de langue française. Il a siégé aux conseils de plusieurs
organisations dans le secteur des communications, des arts et de la philanthropie.
Le 9 juin 1999, la France lui a conféré le grade d’Officier de l’Ordre des Arts
et des Lettres, l’une des principales décorations de la République française,
pour sa contribution remarquable dans le domaine des communications. Dans ce
même créneau ainsi que son action communautaire aux Îles-de-la-Madeleine, le Gouverneur
général du Canada le nomme membre de l’Ordre du Canada en novembre 2012. Pour
les mêmes raisons, il lui remit aussi la médaille du jubilé de diamant de la
Reine Élisabeth II.
En 1999, il réalise à la demande de la ministre d’État aux Affaires municipales
et à la Métropole un rapport concernant les regroupements municipaux aux
Îles-de-la-Madeleine. Celui-ci est accepté par la majorité des maires et par le
gouvernement du Québec. La nouvelle municipalité voit le jour en janvier 2002. Cette même année, on lui confie le mandat de réaliser une étude de faisabilité sur le
réseau de télécommunication à large bande entre les Îles-de-la-Madeleine et le
continent et, en janvier 2003, on lui confie la réalisation du projet en
découlant. Le Réseau intégré de communications électroniques des
Îles-de-la-Madeleine (RICEIM) obtient les millions nécessaires à la
construction d’un câble sous-marin en fibre optique entre la Gaspésie et les
Îles et une partie du déploiement du réseau de fibres optiques des Îles grâce à
son talent de mandataire auprès de différents paliers
gouvernementaux et privés (Bureau fédéral de développement régional [Québec],
Télébec, etc.)
Franklin Delaney vivait à Montréal, mais visitait ses Îles natales plusieurs
fois par année. L’an dernier, lors d’une discussion, j’ai eu l’occasion de lui demander une
mise à jour de son CV que je souhaitais utiliser pour terminer sa biographie,
comme celles de toutes les personnalités des Îles qui m’apparaissaient
manquantes dans nos archives. Il a ri en me disant qu’il s’était fait demander
justement la même chose par son collègue siégeant sur le comité pour les
résidences Plaisance, Monsieur Léonard Aucoin. Je lui avais souligné que son
parcours hors de l’ordinaire serait difficile à résumer sans que ça devienne un
roman. Et il riait toujours lorsqu’il est reparti pour ses réunions de
mandataire, pour ne pas dire missionnaire.
Ayant travaillé avec lui plusieurs semaines dans le cadre de son mandat de 2002
à la MRC, j’ai eu l’occasion de bien connaître ce bourreau du travail et
surtout porteur d’idées aux ampleurs démesurées. Il fut un mentor
extraordinaire pour de nombreux madelinots en quête de réalisation. Pour lui,
le mot impossible n’existait pas.
Tout en travaillant à ses multiples projets, Monsieur Delaney obtient une certification
universitaire en gouvernance de sociétés, comme administrateur de sociétés
certifié en 2009. Très impliqué dans le monde de l’éducation, avec les acteurs
locaux visant la réussite scolaire des élèves, il n’hésitait pas à vérifier sur
le terrain, avec les anciens étudiants universitaires (dont moi-même) ce qui
aurait pu ou non être un frein à leur parcours scolaire aux
Îles-de-la-Madeleine. Il fut ainsi l’instigateur de l’implantation d’un
madelibus retournant les élèves qui avaient besoin de demeurer plus longtemps à
la Polyvalente pour de l’encadrement ou des activités parascolaires. Il fit de
même avec un programme d’ouverture de la bibliothèque du Campus en soirée,
grâce à un soutien de la Fondation Madeli-Aide, autre organisme où il ne
comptait pas ses heures. La Fondation Madeli‐Aide pour l'éducation finance des initiatives locales visant à
prévenir l’abandon scolaire et à favoriser la réussite éducative des jeunes madelinots. Depuis
2006, la Fondation a versé plus de 850 000 $ au Groupe Persévérance Scolaire,
sans compter les bourses annuelles accordées et autres activités soutenues depuis sa création en 1998.
Plus récemment, dans l’optique des travaux de construction du Campus des Îles,
il prit part à sa première planification stratégique, ne refusant aucune
invitation vouée à l’amélioration de l’accès à l’éducation.
Ces petits gestes, hors des grands chantiers qu’on lui connait, révèlent
comment le développement des Îles comptait pour lui. Il se souvenait de ses
jeunes années loin des siens, pour poursuivre ses études, et tenait à rendre le
parcours plus facile pour la relève de jeunes Madelinots. Cela ne pouvait se
faire sans une amélioration constante du service des communications.
Lors de la Soirée de l’entrepreneur de la Chambre de commerce, le 21
octobre 2017, il reçut le prix des Bâtisseurs. Ce fut une de ses dernières
apparitions publiques aux Îles. La nouvelle de son décès le 1er mars
2018, suite au cancer, a jeté les Madelinots et ses collaborateurs dans la
consternation, persuadés de le voir gagner aussi cet ultime combat. En plus de
laisser dans le deuil son épouse Geneviève, ses deux filles Chantale et
Danielle, de même que de nombreux parents et amis, les Îles perdent un grand
homme, un ambassadeur, un philanthrope et un bâtisseur hors du commun. Merci
Franklin !
Références :
Radar 9 juin 1982, 18 juin 1999, p.1 et 3
Le Radar, 22 juillet 1986, p.1 et 7
Le Radar, 17 novembre 2017, p.6
L’Hameçon, vol. 13 no 5, juin 1988, p.12-15
Fondation Madeli-Aide, www.madeli-aide.org
Entretiens du CARDI avec Franklin Delaney
Hélène Chevarie, archiviste