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vendredi 4 décembre 2020

Éphéméride... 4 décembre - Naufrage du SS Lunenberg en 1905

Le SS Lunenberg tel que publié dans un article de 1896.  Source web:
http://www.gov.ns.ca/nsarm/virtual/lunenburg/archives.asp?ID=28&Language=

04 décembre 1905 :


Naufrage du SS Lunenberg. Décès de 11 personnes dont Robert Jamieson Leslie, député des Îles à la législature provinciale du Québec.
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L’épouse de Leslie, Rebecca Bertie Starratt est née dans la vallée d’Annapolis en Nouvelle-Écosse. Elle enseigne à 16 ans à Spry Bay, dans le comté d’Halifax et c’est là que Robert Jamieson Leslie, un capitaine de 18 ans qui avait déjà navigué dans plusieurs ports, va la conquérir et ils se marient un an plus tard. Pendant que Leslie est membre du parlement (1904-1905), ils demeurent à Québec.
Robert Jamieson Leslie aime la vie, les gens et beaucoup de responsabilités. Il a une usine de poisson et un magasin général aux Îles-de-la-Madeleine. Il est également associé de l’entreprise de marchands Leslie, Hart & Co à Halifax et détient des parts à la Magdalen Island Steamship Co. dont les navires effectuent les trajets entre Pictou, N.-É. et Havre-Aubert aux Îles-de-la-Madeleine.
Aux élections provinciales de 1904 alors qu’il est en Écosse à conclure une transaction pour sa ligne de navire, il est élu député libéral pour le comté des Îles et la péninsule gaspésienne, en même temps que l’arrivée au pouvoir du premier ministre Gouin. C’est en son nom que le village de Leslie et un bureau de poste sont identifiés ainsi aux Îles-de-la-Madeleine. R. J. Leslie adore les Îles. Il s’y rend chaque année lors du  dernier voyage de sa compagnie, apportant des provisions pour que les Madelinots puissent passer l’hiver. 
Construit  par Titus Langille à Mahone Bay en Nouvelle-Écosse, et enregistré le 8 décembre 1891,  le Lunenberg appartenait à la Lunenberg & Halifax Steam Packet Company. En 1898, il est acheté par le capitaine au long cours James A. Farquhar pour 13 500 $ et revendu le 23 janvier 1900 à Leslie et son associé Guy C. Hart de Halifax pour 19 500$.
Lunenburg est une goélette de deux mats, avec un pont et une étrave arrondie, dont le moteur développe une force de 56 chevaux-vapeur. Elle a 124.9 pieds de long, 23.5 pieds de large et une profondeur de 12. 5 pieds d’une capacité cargo de 266 tonnes pour un tonnage enregistré de 113 t.
Dimanche matin, le 3 décembre 1905, le navire quitte Pictou avec 17 hommes à bord. La distance entre Pictou et Souris s’est déroulée sans embûche et il quitte Souris à 16h par une belle température. Une tempête surgit durant la nuit et le navire continue prudemment pendant 58 milles. Le capitaine estimant que 10 milles le séparent de son but, ne prend pas la peine de mesurer la profondeur de l’eau.
Dans une mer démontée, ils arrivent à Havre-Aubert avant le lever du soleil le lundi 4 décembre, essayant de se frayer un passage entre l’Île d’Entrée et le havre. Le vent souffle du nord-est d’une force d’ouragan, mais c’est plutôt la tempête de neige aveuglante qui amène le Lunenburg à perdre sa route et s’échouer sur une bande de sable à environ 2 milles de son but à 2h10 du matin. Le Capitaine Pride signale pour de l’aide, mais les conditions de la mer empêchent les embarcations de s’éloigner de la côte. À 10h le capitaine demande des volontaires pour accoster avec une des barques de survie avec le premier et second maître. Après une heure d’hésitation, le deuxième ingénieur et deux chauffeurs sont volontaires. Les cinq hommes atteignent la rive. 
Peu de temps après le Lunenburg commence à sombrer et le capitaine décide de tenter une autre manœuvre avec une des barques. Il a de la difficulté à convaincre des hommes gelés et tremblants de risquer leur vie en se lançant d’un bateau du côté houleux du navire. Une foule de spectateurs inquiets et impuissants assiste à la scène du rivage, incapable de prêter assistance. 
À 14h, les douze hommes encore sur le Lunenberg embarquent dans la barque, Robert Jamieson Leslie est le dernier à quitter. Les autres passagers sont, le chef ingénieur Ronald McDonald de Pictou, le steward Harding Gerhardt de Lunenburg, le cuisinier James Josie, le commissaire de bord J..W.. McConnell de Port Hilford, le mousse Beverly Hamm de Lunenburg, les marins [Adelphus Vigneault, Vital Doucet, Joseph Bourgeois et Samuel Vigneau], tous des Îles-de-la-Madeleine et le Capitaine Pride de Sherbrooke. (Les corps de Vital, Joseph et Samuel n'ayant pas été retrouvés, ils n'ont pu être inhumés - seul l'acte des registres originaux fait mention de cette note *).
Comme ils approchent la côte, les déferlantes les font reculer et alors qu’ils sont à environ 200 mètres de l’épave, une vague se brise sur eux et retourne leur embarcation comme un baril. Ils réussissent à se tenir sur le rebord et, ballotés pendant 3 heures, personne ne dit mot sauf le mousse Hamm inquiet pour sa pauvre mère. R.J. Leslie continue d’encourager les hommes que leur salut viendra du rivage, mais ceci ne peut arriver. Un à un, les hommes s’endorment. Leslie, un des derniers. Seul le capitaine dont un bras est pris à une fente de la barque est retrouvé inconscient à 17 h. La mer a remis l’embarcation à l’endroit et son corps est à l’intérieur lorsqu’on le retrouve à cinq milles du naufrage et un mille du rivage. Les hommes du rivage risquant leur vie à prendre un doris pour secourir l’unique survivant qu’ils croient être Leslie, ont cru le voir se tenir à la barque avec son manteau de fourrure. Mais c’est le capitaine qui porte cette tenue. Un petit-fils d’un des secouristes raconte qu’aucun n’aurait pris le risque d’aller dans cette mer démontée s’il avait su que ce n’était pas Leslie .
Les habitants de Havre-Aubert sont en deuil. Ils érigent une tombe de pierre sur une butte et conservent là jusqu’au printemps, le cercueil où repose le corps de Leslie, échoué peu de temps après. Son corps est retourné à Halifax en avril pour être enterré dans le cimetière de Fairview.  Le jonc de mariage de Leslie est retourné à sa femme (il est maintenant porté par son arrière-petit-fils, Andrew Moir Dickson). Sa femme Bertie Starratt Leslie est demeurée plusieurs années dans leur maison située au 56 Young Avenue, Halifax avec ses enfants.

Traduction libre de Greatly abridged excerpts from "Dickson and Leslie Family Histories" ISBN 0-919942-09-1 © 1990

Pour plus de détails sur le naufrage du Lunenberg dont plusieurs sources furent consultées 2011 :
http://tolkien2008.wordpress.com/2011/02/26/le-naufrage-du-lunenburg-4-decembre-1905-iles-de-la-madeleine/ Cet article apporte des informations supplémentaires et divergentes sur la liste des passagers et personnes noyées. Il s'appuie sur plusieurs sources de journaux d'époque.

* Dennis M. Boudreau a comparé l'acte du registre d'état civil pour l'inhumation du corps d'Adelphus Vigneault et a pu constater l'ajout d'une note concernant les corps non retrouvés, dans l'acte original du registre de Havre-Aubert (Collection Drouin). Les noms des marins madelinots ont donc été corrigés et cette précision ajoutée. 

mercredi 3 avril 2019

Éphéméride... 3 avril - Tragédie sur les glaces - Complainte des Lebel


3 avril 1911 :

Décès de six Madelinots sur les glaces, dont trois membres d’une même famille de Lebel  (le père, le fils et le gendre). Une chanson, La complainte des Lebel, fut peu après composée par Nelson Arseneault.


Daniel Lebel, époux en seconde noce de Théosie Doucet (ca 60 ans)
Aristide Lebel, époux de Mathilde Boudreau (33 ans)
Grégoire Vigneau, époux en seconde noce de Alida Lebel (46 ans), beau-frère d'Aristide et gendre de Daniel.

Antoine Bourgeois à Théophile et Marine Lapierre, fils adoptif de Grégoire Vigneau et sa première épouse Emma Bourgeois (21 ans)

Cyrice Gallant, fils d’Émile & Marie-Lédée Renaud (26 ans)

Philias Boudreau à Arsène & Philomène Bourgeois




Complainte de Daniel Lebel

Composée par Nelson Arsenault de Fatima
Popularisée par Georges Langford

C’est vers la fin de mars
Ou à peu près ce temps
Vers l’an 1911
Dans le cœur du printemps
Que nous venons d’apprendre
Le récit malheureux
D’un père, son fils, son gendre
Et trois autres avec eux

Le matin on s’empresse
On se lève de bonne heure,
L’on marche à grande vitesse 
Au devant du malheur
On s’en va sur les glaces
Marchant, marchant toujours 

Ce n’est que vers trois heure
Qu’on trouve les loups-marins
On se charge à mesure
Pour rebrousser chemin
Mais le vent du contraire
Qui souffle avec fureur
Entraîne loin de la terre
Nos malheureux pêcheurs

C’est vers six heure du soir
En vue nous arrivons
Et déjà nos confrères
Nous voyaient depuis longtemps
Mais voyant la distance
Qu’il nous reste à faire encore
Il n’est que miracle
Qu’ils atteindront le port

Les voilà les six
Dans leur petit canot
Ramant à grande vitesse
Se berçant sur les flots
Mais à moitié traversé
Un malheureux écueil
Les soulève, les renverse
Et voilà leur cercueil

Ainsi la nuit passe
Et l’on attend toujours
Le lendemain se passe
Et l’on attend encore
Mais la mer gourmande
Les tient tous dans son sein
C’est pour nous faire comprendre
Que sur la terre on n’est rien

Quelle nouvelle navrante
Il fallait apporter
Quelle nouvelle déchirante
Pour toute la parenté
Les femmes s'évanouissent
Et ploient sous la douleur
L’esprit, le cœur se brisent
À quoi sert le bonheur

Avant que je finisse
Il faut que je raconte
Le nom de tous les six
Que je viens d’appeler
Il y a Daniel Lebel,
Son fils, son gendre, et son neveu
Philias à Arsène,
Cyril Gallant avec eux

Que servent-ils dans ce monde
La gloire et les honneurs ?
C’est Dieu le maître du monde
Qui dirige le malheur
Soumettons-nous ensemble
À sa sainte volonté,
Que sa main toute-puissante
Sache nous protéger (2).

Article mis à jour avec le soutien de Germain Renaud, petit-fils d'Alida et arrière-petit-fils de Daniel Lebel, le 10 avril 2019.

Références :
The Morning Chronicle, Halifax Saturday April 8  1911, p.1
Halifax Morning Chronicle  April 7, 1911