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Pastel du Simcoe par Hélène Chevarie |
L’histoire
méconnue du naufrage du Simcoe
(selon la Garde Côtière Canadienne)
1917 fut une année tragique.
11,000 soldats canadiens avaient péri en avril sur la crête de Vimy. En octobre
et novembre de la même année 16,000 de leurs camarades échangeaient à leur tour
leur existence pour deux milles carrés de boue à Paschendaele. Le 6 décembre, à
la suite de l'abordage de deux cargos dans le port d'Halifax, l'explosion des
munitions que contenait l'un des navires ravagea la ville; 1,630 personnes
périrent, des milliers d'autres furent blessées. Sous le coup des mauvaises
nouvelles du front, encore affligé de ces deuils qui frappaient toutes les
parties de notre pays, sous le coup aussi des désastres qui avaient eu pur
théâtre son propre territoire, le Canada ne prêta qu'une attention distraite à
un autre événement qui allait marquer d'une façon terrible cette année
douloureuse, le pire désastre qu'aient enregistré les annales de la Marine et
des Pêcheries.
En 1917, le Simcoe s'est
perdu corps et bien en passant des Grands Lacs supérieur à la baie de Fundy pour
relever le CGS Dollard.
Le lendemain même de l'explosion d'Halifax le
sans-filiste des Meules, aux Îles-de-la-Madeleine, captait un message urgent du
ravitailleur de phares Simcoe.
« SOS EN PERDITION QUELQUES MILLES AU SO ILES DE LA
MADELAINE POSITION EXACTE IMPOSSIBLE A DETERMINER A PEU PRES DIX MILLES SO DES
ILES DE LA MADE-LEINE LES CANOTS SONT A LA MER PAR GROSSE MER SOS. »
Le message avait été reçu à 20h30 le 7 décembre
1917. À partir de ce moment-là on ne reçut plus la moindre nouvelle du Simcoe,
perdu corps et bien avec les 44 hommes à son bord. Le récit de ce naufrage,
fragmentaire et dont, du reste les détails restent encore inconnus, sont assez
caractéristiques de la navigation de cette époque. Le vapeur Seal et un
patrouilleur naval voulurent se porter au secours du Simcoe, mais ils étaient
encore très éloignés de la position supposée et incapables de marcher vite sur
une mer déchaînée. Bien que prévenus par les stations-radio des Meuls et de
Fame Point, il fut impossible aux habitants des petits ports de la région d'esquisser
le moindre geste pour secourir les naufragés. Leurs petits bateaux auraient en
effet été incapables de prendre la mer dans le vent qui poussait en rafales une
neige aveuglante. L'Aranmore appareilla malgré tout de Pictou le lendemain
matin, dès réception du message, mais il eut beau fouiller la mer jusqu'au 11,
il ne trouva rien et renonça.
Le Simcoe était un vapeur à deux hélices, long de
180 pieds. Il n'avait alors que huit ans. Déjà il avait franchi sans incident
l'Atlantique depuis Wallsendon-Tyne où il avait été construit. Son port
d'attache était normalement Parry Sound. Premier navire du ministère à être
affecté exclusivement au service des Grands Lac il servait, avec le Lambton,
également entré en service en 1909, au ravitaillement des phares ou à
l'entretien des bouées en amont de Montréal. Or, pendant la campagne de 1917,
on s'était rendu compte que la machine du Dollard n'était pas suffisamment
puissante pour qu'il puisse continuer à naviguer en toute sécurité dans les
eaux agitées de la baie de Fundy. C'est pourquoi le Simcoe avait été transféré
à l'Agence de Saint-Jean (N.-B.). C'est en gagnant son poste qu'il se perdit.
Le capitaine W. J., Dalton et le chef mécanicien W. J. Pitt, partis eux-mêmes
de cet endroit, avaient été chercher leur bateau sur les Grands Lacs,
s'arrêtant pendant quelques semaine à Québec pour y travailler en route. Puis,
on l'avait provisoirement affecté au service du Bas du Golfe avant de le
dépêcher vers son nouveau poste. Au moment du naufrage il venait de quitter Saint-Jean
avec une cargaison de charbon et du ravitaillement pour le Rocher-aux-Oiseaux.
Sa cargaison débarquée, il était reparti relever les bouées des
Îles-de-la-Madeleine. On pense qu'il en avait déjà embarqué le soir du 7. Le
capitaine Dalton était un officier plein d'expérience qui avait déjà commandé
le Lansdowne et l'Aberdeen au cours de missions analogues.