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mardi 3 mai 2016

Leonard Clark - 1922-2016



Leonard Clark est né le 18 décembre 1922. Il est le fils de Henry Allen Clarke (à Henry à Henry à James) de Old Harry et Evelyn Taker (à Herbert et Ada « Annie » Clarke). Il est le huitième d’une famille de 13 enfants.  

Son arrière-grand-père, son arrière-grand-oncle William « dit Bill » et son arrière-arrière-grand-père James, arrivés aux Îles entre 1827 et 1832, apportèrent leur aide aux rescapés du naufrage de la barque irlandaise « Miracle » * en 1847 où au moins 150 immigrants trouvèrent la mort; plus de 250 furent toutefois sauvés grâce à leurs soins. Ces secours ont d’ailleurs coûté la vie à l’épouse de James, Mary Goodwin, quelques mois plus tard lorsqu’elle contracta la fièvre du typhus et du choléra contractée durant ces soins. Le récit de ce naufrage transmit par ses ancêtres, fut publié en 1992.[i]  Plusieurs Clark faisaient partie de ce naufrage. Paradoxalement,  l’arrière-grand-père maternel de Leonard était un naufragé du nom de Tager lors du naufrage de la barque « Good Intent » à Pointe-aux-Loups le 16 décembre 1856.  


Trouver plus d’informations sur ses propres ancêtres a sans doute motivé Leonard Clark à effectuer toutes ses recherches sur les naufrages autour des Îles. Le 1er juillet 1988, il dresse d’ailleurs une liste des naufrages qui ont eu lieu dans les alentours de l’Ile Brion à partir d’autres sources que les listes de navires marchands (Mercantile Navy List) qui ne commencent officiellement que vers 1849.


En 1969, en mémoire de ceux qui ont péri durant la tragédie du Miracle, Leonard Clark fait ériger une croix au bout de la Pointe de l’Est. On mentionnait encore trouver les traces de cette croix ensablée en 1988, dans une des éditions de  « The First Informer ». Un docufilm de 1980[ii] permet de voir des images de cette croix et une entrevue avec Monsieur Clark.



It is on the far end of the beach of Old Harry at East Point that a cross was erected in 1969 in memory of the "Miracle", one of our largest documented shipwrecks, and of ail the fishermen who have lost their lives in these waters. Over the years the cross has blown down, but remains of it can still be found if you are energetic enough to tramp the sand dunes and search.[iii]



La vie de Leonard Clark est trop longue pour en énumérer toutes les facettes avec justice, lui qui se disait vieux dès l’âge de 20 ans, après ses 3 ans de services actifs dans l’armée (1942-1945) et une vingtaine d’années dans les Forces armées Canadiennes. Voir des amis mourir sur la base auprès de lui l’a marqué à jamais.  Après avoir épousé Charlotte Clark, il tente une nouvelle vie pendant une dizaine d’années dans la pêche, jusqu’au décès accidentel de son fils Roy, en 1972, à l’âge de 15 ans. C’est cette tragédie qui lui fera abandonner ce métier risqué et exploiter durant plusieurs années, des champs de fleurs et de fraises à Old Harry.


Il est connu à travers les îles entières à la fois pour ses talents d’agriculteur et sa passion pour les naufrages et l’histoire. Au fil du temps, il dessine à la main une carte des naufrages repérés ou recensés autour des Îles, dont plusieurs chercheurs, même le Père Frédéric Landry, ont pu puiser abondamment pour leurs écrits. En 2008, il affirmait qu'au moins 1000 naufrages avait eu lieu dans les eaux autour des Îles-de-la-Madeleine.


En août 1986, Leonard Clark voit à nouveau sa famille touchée par un acte de courage qui coûte la vie à son fils de 25 ans, Aaron. Celui-ci est happé par une vague alors qu’il sauve, avec l’aide de sa sœur Elaine et une longue chaîne humaine, la vie de deux jeunes nageuses sur la plage d’Old Harry. Il obtiendra une médaille de bravoure à titre posthume pour ce geste. Un tel altruisme semble transmis directement des gênes de ses ancêtres. Une plaque commémorative en l’honneur de son fils est installée sur les portes de l’Église de Old Harry :  The doors are a memorial to Aaron Clark who drowned in the summer of 1986 while successfully saving the lives of two teenage girls caught in an undertow.”   


Le décès de cet autre fils, presque 15 ans après celui de Roy, semblait gravé dans le destin de cette famille éprouvée, mais dont la résilience demeure indéfectible. Pour conjurer le passé ou peut-être répondre à des questions existentielles, il consacre encore plus de temps à la recherche et l’histoire des Îles.  En 1988, Leonard Clark participe activement avec l’équipe de l’archéologiste Moïra McCaffrey , chargée de dresser l’inventaire du potentiel archéologique des Îles. Ayant lui-même identifié des sites à Old Harry, montrant les traces de la chasse active aux morses qui s’y déroulait, il accorde à l’archéologue plusieurs mois de bénévolat. Il participera d’ailleurs à de nombreuses entrevues et publications. Une de ses premières apparitions audiovisuelles s’avère être le docufilm L’Épave de la Dune de l’Est tourné en 1980, par Richard Lavoie. Dans ce récit, il se souvient du jour où il se rendit avec son père jusqu'à l'épave du film, une goélette de Nouvelle-Écosse échouée en 1927.  Sa dernière participation de nature plus biographique, fut celle du docufilm The Legends of Magdalen Islands il est le personnage-clef.  Legends of Magdalen explores the shipwrecks and treasures of Québec’s Magdalen Islands.  (This) 45 mins documentary is led by Leonard Clark, a local fisherman, farmer and self-taught archeologist, who has studied hundreds of sunken ships around the Islands."


Ce film, vu en première mondiale dans l’église de Old Harry le 3 août 2013, fut récipiendaire de nombreux prix. Il fut également présenté sur CBC’s Absolutely Quebec, The Documentary Channel (Canada) et fut diffusé pendant plusieurs mois sur les vols d’Air Canada. [iv] Le producteur et réalisateur Gregory Gallagher se dit honoré d’avoir pu rencontrer Monsieur Clarke et réaliser ce film inspiré de sa vie :  “I am honoured to have had the opportunity to meet Leonard and help create a film legacy of his life called "Legends of Magdalen".”


Le 28 avril 2016, Leonard Clark décède à l’âge de 93 ans. Il était l’époux de feu Charlotte Clarke et le père d’Elaine, Sandra, Pauline, Douglas, Angela, Roma, feu Roy et feu Aaron. Il avait 12 petits-enfants : Melanie, Saul, Lana, Lorelie, Lars, Kristy, Katelyn, Sarah, Jessica, Jenna, Corey, Neil et deux arrière-petits-enfants Maelle et Elliot. Une de ses sœurs, Rhoda Davies, lui survit toujours, ainsi que le leg historique que représente le fruit de ses longues recherches sur l’histoire des Îles.


Le personnel et les membres du Conseil d’administration du Centre d’archives régional des Îles offrent leurs plus sincères condoléances aux familles éprouvées.




Note :  La « Miracle », une barque de trois mâts à hunier, sombre peu après être enlisée dans le sable de la Pointe de l’Est, le 19 mai 1847 avec 408 émigrants irlandais à son bord. Au moins 150 personnes auraient péri durant le trajet, le naufrage, la nage et le voyage du retour vers la Nouvelle-Écosse. (éphéméride à paraître le 17 mai). Un autre article en fait mention dans le blogue du Centre d’archives.

Many thanks to Linda Hart, Gregory Gallagher's wife, who allows us the use of her painting for this biography and to Saul Clark-Gagnon who gived us more detail on his grandfather life.



[i] Info Géo Graphes, Québec, Numéro1, avril 1992, p.107

[iii] The First Informer 1988, July 1th, supplement The Magdelen Islands p. 11
[iii] L’épave de la Dune de l’Ouest. Coproduction Richard Lavoie et Télé-Québec, 1980, 28 : 40 min.


[iv] The Legends of Magdalen Islands. Parafilms. Produit et réalisé avec Gregory Gallagher film documentaire de 45 min. sur l’histoire maritime et les épaves qui entourent les Îles, 2013, 45 min.



Boudreau, Dennis M. Dictionnaire généalogique des familles des Îles-de-la-Madeleine 1760-1948, 2003


mardi 29 mars 2016

Jean Lapierre, un dernier voyage...


Jean Lapierre 1956-2016
Jean Lapierre, politicien, avocat, animateur et analyste politique, mais Madelinot avant tout…

Jean Lapierre est né aux Îles-de-la-Madeleine le 7 mai 1956. Il est le fils de Raymond à Conrad Lapierre et de Lucie à Charley Cormier, originaire de Bassin où il fait ses études primaires. Il est l’aîné de sa famille. Ses études secondaires se font à l’école Polyvalente des Îles où il se méritera dès sa première année, en 1969, les honneurs de la plus belle personnalité.

Ses premières expériences politiques se déroulent pour ainsi dire à la Polyvalente en 1972, alors qu’il est président du conseil étudiant et organise la première grève en contestation aux fermetures des postes d’orienteurs. En 1973, il se rend à Granby afin d’y faire des études collégiales en ressources humaines après un an passé chez une tante en Californie pour y apprendre l’anglais.


Encore aux études, M. Lapierre entreprenait déjà sa carrière politique. Entre 1974 et 1979, il fut adjoint spécial du ministre de la Consommation et des Corporations et directeur de cabinet de l’honorable André Ouellet, ministre d’État aux Affaires urbaines. En 1979, il épouse Gaby Choinière, avocate, dont il aura deux enfants en 1981 et 1983 : Marie-Anne et Jean-Michel.

Jean Lapierre réussit ses examens du Barreau du Québec le jour même de son anniversaire en 1979. Durant sa carrière politique, il fut également membre du Conseil privé de Sa Majesté.

Élu député libéral de Shefford, il a siégé à la Chambre des communes de 1979 à 1990. Il fut secrétaire parlementaire auprès de plusieurs ministres. En 1984 il fut le premier plus jeune ministre de l’histoire du Canada à être assermenté au Conseil Privé à titre de ministre d’État à la Jeunesse, à la Condition physique et au Sport amateur, puis porte-parole de l’opposition officielle en matière de commerce extérieur, de développement économique régional et d’affaires constitutionnelles. De 1984 à 1990, il est porte-parole de l’opposition officielle en matière de commerce extérieur, de développement  économique régional et des affaires constitutionnelles. En 1986, il est coprésident national de la campagne à la chefferie du Parti libéral du Canada de John N. Turner et en 1989 à celle de Paul Martin, alors non élu.

À la suite de l’échec de l’Accord du lac Meech, en 1990, il siège à titre de député indépendant et joint la coalition arc-en-ciel temporaire et ponctuelle qu’était alors le Bloc québécois sous la gouverne de Lucien Bouchard. Il quitte la politique active deux ans plus tard.

En 1992, M. Lapierre devient animateur à la station de radio CKAC à Montréal alors qu’il coanime l’émission de tribune téléphonique la plus populaire au Québec : “Face à Face” avec Jean Cournoyer. En 2001, il devient également animateur au Grand journal de TQS. Ses talents d’analyste politique font aussi de lui un conférencier et un conseiller recherché. Avec sa vie qualifiée de « tourbillon », le magazine L’Actualité dresse son portrait dans l’édition du 1er décembre 2002 sous un article de Martin Pelchat intitulé « La machine Lapierre ».

Avec l’arrivée de l’honorable Paul Martin à la tête du Parti libéral du Canada en 2004, il effectue un retour à la politique active après 11 ans d’absence et une carrière aguerrie d’animateur politique. Il devient Lieutenant politique pour le Québec et candidat dans la circonscription d’Outremont.
Le 20 juillet 2004, nommé ministre des Transports du Canada, il devient un ardent défenseur de l'ouverture du Canada et lance le Pacifique Gateway à Vancouver pour une ouverture sur l'Asie.  Réélu en 2006, Jean Lapierre se trouve alors dans l'opposition à titre de porte-parole à l'industrie. Avant Noël 2006, il annonce qu'il ne sera pas candidat lors de la prochaine élection fédérale. Après la signature d’un contrat d’analyste politique et animateur d’une émission hebdomadaire avec TVA, il démissionne de sa tâche de député d’Outremont  à la fin de janvier 2007; il sera également analyste à TVA et à LCN. Il donne quotidiennement ses commentaires sur l’actualité à “Bonjour Montréal” en compagnie de Paul Arcand et signe des chroniques mensuelles dans “Le Journal des Affaires” et dans le “Globe and Mail” de Toronto. 
               
Parallèlement, il exerce le métier d’avocat-conseil chez Deveau, Lavoie et associés à Laval et anime de nombreux congrès et événements à travers le pays. Il fut membre du conseil d’administration de La Fondation canadienne d’éducation économique et de la Compagnie Jean Duceppe et membre du Mouvement social madelinot (MSM) de Verdun.

 Jean Lapierre avec ses petits-enfants en août 2015  Source: Facebook
Très sensible à la réalité des étudiantes et étudiants madeliniens qui doivent s’exiler pour la poursuite d’études universitaires, il met sur pied avec ses amis du MSM, la Fondation Madeli-Aide, en 1997, dont il fut le premier président. Cette dernière qui est active aux Îles depuis bientôt vingt ans, tient ses traditionnels soupers au homard sur le navire de la CTMA et permet ainsi à des centaines d’étudiants des Îles de bénéficier de bourses d’études sans parler des contributions de l’organisme à plusieurs projets en persévérance scolaire.

Au moment de son décès tragique avec sa conjointe, Nicole Beaulieu, ses deux frères, Marc et Louis et sa soeur Martine, Jean Lapierre travaillait toujours pour le réseau TVA et le réseau Cogeco. Il était aussi commentateur à CJAD de Montréal et au FM 93 de Québec tout en contribuant régulièrement à l'émission Power Play au réseau CTV. Plusieurs milliers d’internautes suivaient le fil de ses nouvelles, en plus des auditeurs de ses émissions. Les Madelinots ont perdu un de leur ambassadeur mais également un membre de leur grande famille d’Acadiens.
 
L’homme influent et admiré qu’il était conservait son amour des siens. Le destin l’a fait revenir auprès de sa mère Lucie, et sa sœur Laure pour son dernier voyage vers ses racines, aux Îles-de-la-Madeleine.



Références :     Le journal Le Radar, 03 août 1992
Entretien du Centre d’archives régional avec Jean Lapierre en 2003
Wikipédia consulté le 29 mars 2016