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jeudi 18 janvier 2018

Éphéméride... 16 janvier - Un sauvetage héroïque en 1918

 16 janvier 1918: Un sauvetage héroïque...


Dans la CHRONIQUE MARITIME du Journal Le Madelinot du 6 février 1967, le père Frédéric Landry raconte le sauvetage héroïque effectué le 16 janvier 1918 par Allen Clark de Grande-Entrée, et qui lui vaut la médaille Carnegie:

« Le 16 janvier 1918, Allen Clark et Jack Keating aperçoivent à environ un quart de mille de la Côte de Grande-Entrée un petit bateau immobilisé dans la glace. Il y a deux hommes à son bord qui gisent là inertes. Il faut trouver un moyen pour les aider à mettre pied à terre au plus tôt car le froid est très violent. Une faible couche de glace couvre l'espace séparant le bateau de la côte. Il est impossible de marcher sur cette glace trop mince pour supporter un homme. Que faire? Allen trouve un moyen étrange et dangereux qu'il est prêt à expérimenter lui-même.

Allen apporte deux grandes planches qu'il pose sur cette légère couche de glace. Ensuite il s'attache solidement par le buste à une longue corde qui est tenue par son ami Jack Keating. Accoutré ainsi, il commence à ramper sur ces planches qu'il glisse avec précaution l'une après l'autre. S'il perd son équilibre ou si la glace se brise il y a encore la corde comme moyen de salut. Mais la corde pourrait-elle ramener à terre cet homme au travers une glace brisée et l'eau froide qui paralyse rapidement? Il y a un grand risque à prendre, mais tout calcul disparaît pour un homme généreux devant le sauvetage de deux vies humaines.


Il faut beaucoup de sang-froid et de courage pour entreprendre une telle expérience. Lentement, conscient du danger Allen progresse pouce par pouce vers le petit bateau. Enfin il rejoint deux hommes transis par le froid, presque agonisants qui avaient laissés
l'Ile-d'Entrée 48 heures plus tôt avec l'intention d'atteindre Havre-Aubert. Les vents et le froid qui formaient une couche de glace au bord des côtes leur avaient fait perdre espoir de mettre pied à terre.

Au prix de grandes difficultés, le sauveteur réussit à ramener à terre ces deux hommes à demi inconscients. L'un des rescapés Paul Chennel dut faire amputer ses doigts gelés. L'autre, Rube Welsh un adolescent qui avait été fouetté par le vent glacé, rendu
inconscient par un froid au dessous de zéro se remit lentement de cette douloureuse épreuve. Grâce à la générosité et au courage d'Allen Clark, deux hommes eurent la vie sauve. Son geste de noblesse fut reconnu par quelques-uns seulement. Aujourd'hui qu'il a atteint sa quatre vingt-quatrième année, nous voulons simplement rappeler son courage.»


Henry Clarke Jr avait 34 ans au moment du sauvetage, il était l'époux d'Evelyn Taker. Il est décédé le 14 octobre 1969, peu de temps après la parution de cet hommage.


samedi 20 avril 2013

Les Irlandais aux Îles et le naufrage du Miracle...

 
Source: Newport Daily News, Rhode Island du 9 juin 1847
 Le 25 mars 2013, l'historienne Pauline Carbonneau présentait dans son blogue un article fort intéressant sur l'origine des Irlandais aux Îles-de-la-Madeleine. Suite à plusieurs demandes d'informations qu'on lui adressait à ce sujet, l'attention du Centre d'archives régional des Îles porte ici particulièrement sur le naufrage du Miracle, sombrant le 19 mai 1847 avec 408 émigrants irlandais à son bord. L'extrait de journal de l'époque parle de 64 noyés et 30 autres morts de fièvre aux Îles, des suites du naufrage et leur exposition au froid et l'humidité ou de la maladie contractée depuis leur départ de Liverpool.

Source: Newport Daily News, Rhode Island du 16 juin 1847
L'Eastern Chronicle d'Halifax mentionne le pauvre état dans lequel se trouvaient ces passagers dont  284 furent envoyés vers Pictou (2 ne survivant pas au trajet) et 30 autres périssant dans les trois jours suivant leur arrivée en Nouvelle-Écosse.

Le naufrage du Miracle est une des pires tragédies dont on parle encore aujourd’hui. Durant cette époque, des milliers d'émigrants irlandais étaient malades du typhus et du choléra. Le Canada obligeait un arrêt en  quarantaine dans l'île de Grosse-ile sur le fleuve St-Laurent (ne pas confondre avec le village de Grosse-Île aux Îles-de-la-Madeleine, même si cela parait ironique que le naufrage de ces émigrants malades ait eu lieu à cet endroit du même nom.

Le « Miracle », un trois mâts, une barque à huniers de 626 tonneaux, quitte Liverpool, Angleterre, avec 446 personnes à son bord dont 408 émigrants irlandais qui se réfugiaient au Canada.

À l’approche des Îles, le « Miracle », s’enlisa dans les fonds sablonneux de la Pointe de l’Est. Avant le naufrage, de nombreux passagers étaient déjà morts du typhus et du choléra. la Lloyd's rapporte 64 personnes mortes avant et pendant le naufrage, mais plusieurs témoignages de l'époque mentionnent au moins 150 victimes.  Une centaine se seraient noyées, en tentant
de rejoindre le rivage mais les autres seraient déjà décédées sur le navire.



L'ancien pêcheur et historien, Leonard Clarke, a beaucoup parlé de ce naufrage au cours d'entrevues ou d'articles.  C'est qu'il est l'arrière arrière petit-fils de James Allen Clarke, qui a porté secours à ces naufragés malades avec sa femme Mary Goodwin. Celle-ci est d'ailleurs morte du typhus peu après cet acte héroïque.

CLARKE, Henry Allen né en NE le 26 Octobre 1827
Il raconte dans l'Info-géographe, comment son arrière grand-père Henry Clarke Sr, ayant assisté son propre père dans les secours avec son frère William (dit Bill), a raconté en 1906 à sa grand-mère, l'histoire de cette tragédie, 10 ans avant sa mort survenue à Old Harry le 24 juin 1916:
 

The morning after the gale, Bill and I went out to the beach to see if anything was coming ashore. We didn’t see the ship on our way out because her masts were down and she was hidden behind a row of sand hills. Here were all these strange people huddled together in a sand hole, trying to get shelter from the wind and the cold. They were the most wretched bunch of souls that one could ever possibly see-ragged, sick, cold and hungry. Some were dead on the beach and more were still landing. The ship was aground on the outer bar, about three hundred yards out. While we watched in horror, two of the ship’s boats, manned by women and children, smashed together in the heavy ground swell between the ship and the beach. There were no survivors from either of these two boats. I saw 147 souls buried in one sand hole at East Point.

 
Bien que des Irlandais comme les Doyle, Cassidy, Quinn, Delaney ou Keating (sans les nommer tous) étaient déjà établis au Îles avant le naufrage, l'article - à lire - de Pauline Carbonneau, mentionne beaucoup de patronymes originant du Miracle (Malone, Dunn, Brophy, Mclone, Muldoon, Schofield), certaines adoptions et alliances avec des madelinots et madeliniennes ont assuré une descendance aux Îles ou ailleurs, d'autres non.


Références au Miracle:


Leonard Clark, Info Géo Graphes, Québec, Numéro1, avril 1992, p. 107
Landry, Frédéric. Dernière Course. La Boussole Éditions maritimes, 1989, page 143-144
Topo web: blogue Magdalen Islands, http://magdalenislands.blogspot.ca/2008/10/interesting-bit-of-islands-lighthouse.html
Topo web: Érudit. Bent, Jason. Les phares des Îles-de-la-Madeleine.Cap-aux-Diamants : la revue d'histoire du Québec, n° 74, 2003, p. 39-43, http://www.erudit.org/culture/cd1035538/cd1046221/7363ac.pdf