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samedi 9 novembre 2019

Hommage au bâtisseur Jean-Marc Cormier - 1941-2019

Le 7 novembre 2019, nous quittait un des grands bâtisseurs de la Culture aux Îles-de-la-Madeleine, monsieur Jean-Marc Cormier.

Monsieur Jean Marc Cormier est originaire du Havre-Aubert. Il est le fils d’Onésime à Charles et de Marie-Louise Boudreau. Benjamin d’une famille de 7 enfants — seule une de ses sœurs est maintenant de ce monde — il quitte les Îles très tôt pour de longues études au Séminaire de Gaspé et à l’Université Sacré-Cœur de Bathurst. Passionné de musique, chorale et de chants, il auditionne à l’école de musique Vincent d’Indy à Montréal où il est accepté. Après deux ans, il suit ensuite une formation en pédagogie à l’École normale Jacques Cartier et l’Institut Marguerite Bourgeois, où il complète l’étude d’instruments à vent. C’est fort de tout cet enseignement qu’il devint lui-même enseignant à la Polyvalente des Îles nouvellement construite aux Îles-de-la-Madeleine.

Il y enseigne la musique durant 29 ans tout en fondant l’Harmonie des Îles avec Lise Gauthier. De nombreux Madelinots ont pu s’intégrer à ce groupe de 12 à 60 instrumentistes au cours de leurs années d’études. En mai 1995, l’Harmonie des Îles fête ses 25 ans. À titre de président, il demande un financement à la Commission scolaire et organise des concerts-bénéfice au Château Madelinot pour financer la sortie de 42 jeunes de la Polyvalente et 4 accompagnateurs, au festival de musique de Tracadie.

L’Harmonie des Îles existe encore après 50 ans d’existence. Celle-ci n’aurait pu voir le jour sans les efforts de Jean-Marc Cormier à convaincre la Commission scolaire d’acheter des instruments et ensuite, de lever des fonds par des soirées-bénéfice. Outre l’Harmonie, il fait partie de chorales et offre des concerts de musique et chants, en duo ou solo. Parallèlement à sa tâche d’enseignant, Jean-Marc Cormier invite les Jeunesses musicales du Canada à ajouter les Îles à leur parcours de visite, et ce, dès le début des années 1970.

Il participe à la sauvegarde de bâtiments sur la Grave en ouvrant tout d’abord avec ses amis Claude, Henri Painchaud et Fernand Essiambre, le Café de la Grave, inauguré le 18 juillet 1980. Son piano trônant dans un angle bien en vue de la clientèle, il en joue quotidiennement et fait participer ceux qui partagent comme lui sa passion musicale. Le 1er juillet 1983, c’est l’ouverture du Vieux Treuil, fondé en octobre 1982. Il a travaillé avec acharnement, avec d’autres amoureux du patrimoine, pour rénover cet ancien entrepôt de gras de loups-marins du marchand Savage et lui donner ce lustre unique de salle de spectacle insulaire. Il ne ménage pas ses efforts pour obtenir un piano, essentiel à la poursuite de spectacles de qualité. En érudit et gentleman, il sait comment toucher la corde sensible des donateurs, en promouvant l’accès essentiel à la Musique et la Cuture dans un lieu de diffusion adapté. Il est administrateur et phare du Vieux Treuil jusqu'à la toute fin, à la fois figure de proue et vent de ses voiles. Ses conseils et son rappel de la mission de l’organisme continueront de le guider même après son départ, tel que le mentionne son directeur Émile Déraspe dans une entrevue à CFIM.

Grand collectionneur et sensible au patrimoine des Îles, le Centre d’archives régional des Îles a pu recueillir les premières donations d’archives en son nom et celui du Vieux Treuil, lors du 20e anniversaire de l’organisme. En voici une description sommaire.

AO15 Au Vieux Treuil
La collection AO15 contient 33 cm de documents textuels et 50 affiches. Le fonds contient les documents concernant les différentes programmations de l’organisme, les publicités des spectacles et autres événements organisés par la corporation. Les documents constituants, les plans d’aménagement de l’édifice de la corporation et documents relatifs au fonctionnement s’y retrouvent aussi. Il s’agit d’un fond ouvert à dépôt ultérieur, tout comme celui de Jean-Marc Cormier.

AC1-S1 Jean-Marc Cormier
La collection AC1-S1 contient 18 cm de documents textuels et 60 pièces. Elle est constituée de documents sur l’histoire des Îles, la musique et ses implications en musique. On y retrouve des informations sur les artistes ayant visité «Au Vieux Treuil» ainsi que les Jeunesses Musicales du Canada.


Pour offrir vos vœux et témoignages, voici les informations d’ordre funéraire.





lundi 22 juillet 2019

Byron Clark - 1933-2019

Les Îles-de-la-Madeleine viennent de perdre l’un de ses grands historiens. Après une longue vie bien remplie, Byron Clark s’est éteint à l’âge de 86 ans chez lui, paisiblement et entouré de sa famille, samedi le 20 juillet 2019. 

Byron est né à Old Harry, aux Îles-de-la-Madeleine, de la première famille installée à cet endroit. Très impliqué dans sa communauté, il fut organiste pendant plus de 50 ans à la Holy Trinity Church, maire de Grosse Ile (1989-1992) et directeur général fondateur de la Coopérative des pêcheurs de Cap Dauphin en 1993. Il fut également propriétaire et gestionnaire de l’unique cinéma de Grosse Ile, The Strand (1979-1987)Après sa carrière d’agent des pêches, de 1961 à 1987, Byron Clark se consacra à l'écriture et publia des albums commémoratifs ainsi que plusieurs livres dont certains furent traduits en français, au grand plaisir de la communauté francophone. Le fruit de ses recherches a permis de nourrir l’histoire locale de même que celle des Îles-de-la-Madeleine. En 2006, il reçoit le Prix Marion Phelps du Réseau du patrimoine anglophone du Québec après sa contribution  au comité consultatif de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), chargé de la rédaction du livre Histoire des Îles-de-la-Madeleine, une volumineuse synthèse d'histoire régionale.
Son dernier et huitième ouvrage, The Pictou-Magdalen Islands Run 1874-1960, relate l’époque des bateaux à vapeur. Ces dernières années, il partageait ses découvertes avec le Centre d’archives régional des Îles dont il était un fidèle membre. Byron Clark appuyait ses recherches sur les archives existantes, correspondant avec tous les grands musées et centres d'archives d'Angleterre ou des États-Unis pour accéder à de nouvelles informations. Avec sa santé plus vacillante, l’existence du CARDI, l’appui de sa famille et internet lui permettait de terminer ces projets sans avoir à aller si loin pour poursuivre ses écrits. Tout comme son cousin feu Leonard Clark, il appréciait plus que tout partager ses connaissances historiques. La communauté perd un allié précieux à la mémoire des Îles qui laisse derrière lui, un trésor d’archives et des récits qui continueront à captiver les générations à venir. 
Les membres du personnel et du conseil d’administration du CARDI offrent leurs sincères sympathies à sa fille Kim et toute sa famille.
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The Magdalen Islands have just lost one of its great historians. After a long, busy life, Byron Clark past away peacefully and surrounded by family in his home, on Saturday, July 20, 2019.

Byron was born in Old Harry, Magdalen Islands, of the first family who settled there. Very involved in his community, he was an organist for over 50 years at Holy Trinity Church, mayor of Grosse Ile (1989-1992) and founding general manager of the Cap Dauphin Fishermen's Cooperative in 1993. He was also owner and manager of Grosse Ile's only cinema, The Strand (1979-1987). After his career as Fishery Officer, from 1961 to 1987, Byron Clark dedicated himself to writing and published commemorative albums and several books, some of which were translated into French, to the delight of the French-speaking community. The result of his research has helped to feed local history as well as that of the Magdalen Islands. In 2006, he won the Marion Phelps Prize and was named a Member of Honour on the committee that advised Quebec's prestigious Institut national de la recherche scientifique (INRS) in the preparation of a formal academic history of the Islands

His last and eighth book, The Pictou-Magdalen Islands Run 1874-1960, chronicles the era of steamboats. In recent years, he shared his discoveries with the Centre d’archives regional des Iles (CARDI), of which he was a proud member. Byron Clarke supported his research on existing archives, writing to England or the United States to access new information. In recent years, the existence of CARDI, the support of his family and internet allowed him to complete these projects without having to go so far. Like his late cousin Leonard Clark, he appreciated more than anything else sharing his historical knowledge. The community is losing a valuable ally to the memory of the Islands, leaving behind a treasure of records and stories that will continue to captivate future generations.


CARDI staff and board members wish to offer their sincere sympathies to his daughter Kim and his entire family.


Bibliographie / Bibliography:
  • 1990. Anglican Mission of Magdalen Islands 140th Anniversary : 1850-1990
  • 2000. Gleanings on the Magdalen Islands (second edition in 2007)
  • 2006. I Kept the Light Still burning.The Curse of the Bird Rocks
  • 2011. The Poirier Affair / L'Affaire Poirier
  • 2013. Empêcher à tout prix le phare de s'éteindre! La malédiction du Rocher-aux-Oiseaux.
  • 2015. To Find but a Grave:The Wreck of  Miracle
  • 2016. Old-Harry. The Years it Left behind
  • 2017. Grosse-Ile (A glimpse of the past)
  • 2018. The Pictou-Magdalen Islands Run 1874-1960 - The Days of the coals burners

Références / Source: 
Avis nécrologique (en anglais)
Photo de Byron Clark (2012) avec la permission de l'auteur de Legends of Magdalen Islands
Réseau du patrimoine anglophone du Québec/ Quebec Anglophone Heritage Network :
«Recognized as a pre-eminent local historian and expert on the English-speaking community, he has been consulted and cited in numerous books written about the Islands as well as appearing in the bibliographies of various historical publications. [...] His advice and information are widely slight from across Canada, the US, and as far away as Great Britain. 


mercredi 7 octobre 2015

Benoit Arseneau, père, un homme de tête et de coeur

Benoit Arseneau, père, ca 1996, Fonds AP1-1812b
BENOIT ARSENEAU, père
UN HOMME DE TÊTE ET DE CŒUR

Benoit Arseneau, père, n’est plus. L’homme qui a été maire de la Municipalité de Havre-aux-Maisons de 1977 à 1986 et de 1989 à 1997, et assumé durant deux ans les fonctions de préfet a succombé avant minuit le 6 octobre, à l’âge de 78 ans, à la suite d'une longue maladie. 

Son père Fabien fut lui-même maire de 1951 à 1958, ce qui peut aider à comprendre un peu le destin du fils. Cette période effervescente aux Îles-de-la-Madeleine était celle de la construction de la route principale reliant Havre-Aubert, de l’installation de l’électricité, l’apparition des chalutiers, l’ouverture d’une usine de poisson par la Gorton Pew, le premier lien maritime entre Montréal et les Îles avec le Brion, de CTMA, etc. Benoit Arseneau a pu voir œuvrer son propre père au développement de son milieu et, témoin de l’impact des décisions municipales sur celui-ci, a pu recevoir la piqûre de la politique à ce moment. Paradoxalement, sa propre élection se fera en pleine crise des travailleurs de l’usine de Pêcheurs-Unis du Québec, en novembre 1977.

Après le déclin du hareng de 1950 à 1970, une importante source de revenus de plusieurs familles aux Îles, dont la sienne qui exploitait des fumoirs depuis des décennies, il est entré dans l’arène politique avec des convictions et dans l’idée de tout faire pour aider sa communauté à progresser. Mais avant d’être élu, il fut membre de la Commission des loisirs, marguillier à la paroisse Sainte-Madeleine. Bénévole de longue date et doté d’un bon sens de l’humour et d’une direction hors de l’ordinaire, il était revenu d’un voyage à Québec en 1958 avec l’idée d’un carnaval pour la Municipalité de Havre-aux-Maisons. Cette activité, très populaire et rassembleuse, laissa sa marque dans le monde des loisirs sur l’ensemble des Îles. Les résidents de Pointe-aux-Loups, localité fusionnée à Havre-aux-Maisons dès son arrivée comme maire, furent sollicités et participèrent également à ces festivités durant de nombreuses années. Il faut dire que l’homme savait convaincre et témoignait tout son respect pour sa communauté. Plusieurs l’auront vu assister à la messe hebdomadaire de leur église et les soutenir durant leurs propres efforts de levées de fonds ou développement (comité des loisirs, glace extérieure, marina, etc.)

Durant son mandat, on note le complexe municipal avec l'aréna et sa glace artificielle, la Maison de la Culture, un système d'égouts, le centre régional de traitement des matières résiduelles, le développement de la marina de la Pointe, les haltes routières et le sentier pédestre du Cap Rouge.  Alors que les années 70 voyaient la croissance du tourisme influencer le développement des Îles, jusque- là orientée par le Plan d’aménagement de l’Est-du-Québec, la dernière période de son mandat fut marquée par un climat économique difficile, le moratoire sur le poisson de fond, les activités de mesures d’urgence lors de l’effondrement survenu à Mines Seleine, les problèmes liés au transport maritime et aérien, etc.

Benoit Arseneau était un homme de cœur. Lorsqu’il quitte la vie politique à l’âge de 62 ans, il remercie avec émotion ses collègues des dernières années ainsi que les membres du personnel de sa municipalité et de la MRC des Îles dont il dira regretter ces personnes tant dévouées à la cause municipale. Ayant siégé à plusieurs comités, dont celui des transports, il jugeait son expérience enrichissante. « J'ai réussi, je crois, à maintenir le cap et à prendre les décisions importantes pour l'aboutissement de certains dossiers. »  Il était particulièrement fier de l’implantation du compostage aux Îles, une réalité qu’il savait devoir se réaliser dans un contexte d'environnement insulaire.

L’homme au langage coloré savait que pour arriver à un consensus, il fallait parfois se rallier à ses pairs dans des décisions importantes. Il estimait que la position de préfet demandait une bonne dose de courage et de détermination. Lors d’un hommage, en avril 1998, les bénévoles de sa municipalité mentionnaient comment il sut se faire apprécier et admiraient sa capacité de gérer des crises et conduire des dossiers.

Son départ de la vie politique était conjugué à sa volonté de faire revivre l’industrie du hareng avec le fumoir qu’il a reconstruit avec ses fils, Louis, Benoit et Daniel. Le hareng frayait un peu plus sur nos côtes et il pouvait retourner au métier traditionnel familial tout en conservant le contact avec le public qu’il affectionnait. Mis à part les dernières années marquées par la maladie, il assistait ses fils dans leur travail au Fumoir d’Antan depuis presque 20 ans. Nul doute qu’il aura été un ambassadeur pour les Îles et contribué à faire perpétuer les traditions et métiers de notre monde insulaire.



Sources :

Journal Le Radar, 12 septembre 1997 p. 3
Journal Le Radar, 19 septembre 1997, p. 2, 9, 11
Journal Le Radar, 24 avril 1998, p.12
Témoignage d’ancien membre de la MRC des Îles
Recherches du Centre d’archives régional des Îles