dimanche 23 août 2015

Éphéméride... 23 août - Premier baptême d'un Micmac aux Îles en 1823


Source: Musée McCord MP-0000.1452.135
Le 23 août 1823:

Les registres paroissiaux de Havre-Aubert confirment la présence des Micmacs aux Îles. (...) un bébé de huit mois fut baptisé sous le nom de Noël Paul. Ses parents étaient Pierre Paul et Marie David, tous deux Micmacs. Les parrain et marraine étaient Charles et Marie Bourg, des Acadiens de Havre-Aubert . 


Ce sont surtout les registres paroissiaux qui nous renseignent sur la présence des Micmacs aux Îles. (...) D’après la tradition orale, plusieurs Micmacs vivaient à l’Étang-du-Nord. Le nom de ces trois hommes étaient semble-t-il : Pierre Gadouillard, André Noël et André Blais. Ils devaient venir du Cap-Breton car ils s’exprimaient en français. Aussi, les Anciens de Portage du Cap parlaient d’un Micmac qu’ils surnommaient « Shelaboy » car celui-ci disait venir de Sheila, Nouveau-Brunswick  et il ne s’exprimait qu’en anglais. Il arrivait au printemps et repartait aussitôt que l’hiver semblait vouloir s’installer. Comme en fait foi une rengaine que l’on a beaucoup chantée aux Îles, les parents du jeune Antoine Cabarit auraient demandé à une famille Leblanc d’adopter leur fils âgé de sept ans afin qu’il puisse fréquenter l’école. Antoine aurait composé cette chanson pour protester contre le geste de ses parents qui le privait de sa liberté. (...) à partir des années 1900, des personnes se souviennent que des Micmacs venant de la réserve de Pictou Island,  traversaient aux Îles sur le bateau passager (...). Ces colporteurs vendaient des paniers et d’autres objets d’artisanat aux Madelinots.


Références du texte: Fonds AP11 Famille Pauline Carbonneau 

 « Construction canot 1870 » par Alexander Henderson — Cette image est disponible au Musée McCord sous le numéro d'accès MP-0000.1452.135 Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Construction_canot_1870.jpg#/media File:Construction_canot_1870.jpg

vendredi 21 août 2015

Éphéméride... 21 août - Livraison de morue des Îles en 1835

21 août 1835:

La goélette Queen, conduite par le capitaine Buskirk, arrive des Îles-de-la-Madeleine à Pugwash, Nouvelle-Écosse, avec une cargaison de 300 barils de morue provenant de sa propre pêche et celle de d'autres pêcheurs.

Source: Journal The Bee, vol 1 no 16, 9 septembre page 7

jeudi 20 août 2015

Ouragan en 1878 - Naufrage de la goélette Nancy

19 au 23 août 1878:

Du 19 au 23 août 1878, une violente tempête s'abat sur les Îles-de-la-Madeleine, causant plusieurs naufrages. Commençant du sud-est et virant au nord-ouest, l'ouragan a endommagé plusieurs embarcations du poste de pêche de L'Étang-du-Nord. La goélette Nancy, d'Arichat, a pu décharger sa cargaison de morue a temps à Amherst (Havre-Aubert) mais le navire est une perte totale.

Référence: New-York Times 27 août 1878.

lundi 17 août 2015

Prises de homard aux Îles en 1970

Source: Centre d'archives régional des Îles, Journal Le Madelinot 5 septembre 1974.
La saison 1970 du homard:

 Les prises de homard aux Îles-de-la-Madeleine en 1970 s'élèvent à 2 174 000 lbs pour une valeur au débarquement de 1 521 800 $.

samedi 15 août 2015

Éphéméride... 15 août - Plus de 3000 personnes assistent à la bénédiction de chalutiers en 1965

15 août 1965:

Une foule de plus de 3,000 personnes est rassemblée au quai de Havre-Aubert  lors de la bénédiction de la flotte de chalutiers par Mgr André Arsenault bénit la flotte. L'honorable Gérard-O. Lévesque annonce la reconstruction de l'usine Gorton Pew de Cap-aux-Meules à cette occasion à la salle paroissiale de Bassin.

La statue de Notre-Dame des Pêcheurs est reconduite annuellement dans une des églises des Îles à cette occasion. C'est au tour de l'église de Bassin de la recevoir en 1965.

jeudi 6 août 2015

À la découverte de Port-la-Joye et de Rustico le 12 août 2015 - Une visite bilingue

L'Auberge Barachois construite en 1880 comme résidence et magasin par le commerçant
Joseph Gallant et l'église Saint-Augustin érigée en 1838. Photo : Georges Arsenault 
À la découverte de Port-la-Joye et de Rustico

Le Comité historique Soeur-Antoinette-DesRoches organise pour la première fois une visite guidée bilingue pour découvrir des lieux historiques acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard. La visite incluera le lieu historique national Port-la-Joye – Fort Amherst et le village de Rustico.

Les gens qui désirent faire partie de cette visite guidée devront trouver leur propre transport. Ceux et celles qui n’ont pas de moyen de transport sont quand même invités à s’inscrire à l’activité. Les organisateurs tenteront de leur en trouver un.

Cette activité aura lieu le mercredi 12 août. Le guide principal sera l’historien Georges Arsenault.

Le premier rendez-vous aura lieu à 10 h 30 au lieu historique national Port-la-Joye – Fort Amherst situé à Rocky Point. On y découvrira un très beau site riche en histoire avec une vue splendide sur le port et la ville de Charlottetown. La visite se terminera à Port-la-Joye avec un pique-nique sur l’heure du midi. Le site n’offrant pas de service alimentaire, les participants devront apporter leur propre pique-nique. Comment se rendre là? http://www.pc.gc.ca/fra/lhn-nhs/pe/amherst/visit/visit2.aspx

Le groupe se rendra ensuite à Rustico, le plus ancien village acadien de l’Île, où la visite commencera à 13 h 30. La visite comprendra l’Auberge Barachois, l’église historique Saint-Augustin, le Musée de la Banque des fermiers de Rustico, la maison Doucet et le Centre acadien Grand-Rustico.

Les seuls coûts associés à cette activité sont les frais d’entrée au Musée de la Banque des fermiers de Rustico et à la Maison Doucet.

Pour s’inscrire à la visite guidée, veuillez communiquer avec les personnes suivantes au plus tard le 10 août :

Nicole Gallant  nicolegallant@pei.sympatico.ca
Clément Gallant  clemgallant@hotmail.com
Georges Arsenault georg52@pei.sympatico.ca


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Discovering Port-la-Joye and Rustico

The Sister Antoinette DesRoches Historical Committee is organizing a bilingual guided tour of several Prince Edward Island Acadian historic sites. The tour will include the Port-la-Joye – Fort Amherst National Historic Site and the village of Rustico. The tour is open to the general public. Those interested in taking part in the tour are responsible for their own transportation. However, the organizing committee will do its best to help individuals with no means of transportation.

This activity will be held on Wednesday, August 12. Historian Georges Arsenault will be the main tour guide.

The tour will begin at 10:30 am at Port-la-Joye – Fort Amherst National Historic Site in Rocky Point. It is a beautiful site rich in history with a spectacular view of Charlottetown and its harbour. Since food services are not available at the historic site, participants are asked to bring their own picnic lunch. How to get there? http://www.pc.gc.ca/eng/lhn-nhs/pe/amherst/visit/visit2.aspx

The second stop will be at 1:30 pm in Rustico, the Island’s oldest Acadian community. The visit will include the Barachois Inn, the historic St. Augustine church, the Farmers’ Bank of Rustico Museum, the Doucet House, and the Centre acadien Grand-Rustico.

The guided tour is free except for the entrance fees at the Farmers’ Bank of Rustico Museum and Doucet House.

To register for the tour, please contact one of the following organizers before August 10:

Nicole Gallant  nicolegallant@pei.sympatico.ca
Clément Gallant  clemgallant@hotmail.com
Georges Arsenault  georg52@pei.sympatico.ca



Visite de la Ministre de la Culture et des Communications le 5 août 2015



5 août 2015:

En présence du député des Îles-de-la-Madeleine, Germain Chevarie, la Ministre de la Culture et des Communications, visite le Centre d'archives régional des Îles et prend le pouls du seul organisme agréé dédié au patrimoine archivistique et audiovisuel des Îles-de-la-Madeleine. 

Sur la photo, de gauche à droite: Sylvio Bénard, trésorier, M.Germain Chevarie, député des Îles, Hélène Chevarie, archiviste, Mme Hélène David, Ministre de la Culture et des Communications, Nicole Bénard, présidente du Centre d'archives, Sébastien Cyr, administrateur.


mercredi 5 août 2015

Capture de homards aux Îles de la Madeleine en 1955

Source: Collections du Centre d'archives régional des Îles. À Pleine Voiles, 1955
Août 1955:

Il s’est capturé durant la saison 1955, aux Îles-de-la-Madeleine, 2,607,380 lbs de homard.

Cette photo illustre les méthodes de conservation dans des viviers en bois, auprès des diverses installations autour des Îles. 

De 1933 à 1950, huit coopératives de pêcheurs se sont établies, ajoutant un certain rapport de force auprès des marchands. Celle de Gros-Cap, fondée le 12 novembre 1932 et la première en opération l'été suivant, fut celle maintenue qui servira les pêcheurs le plus longtemps. 

Références: À Pleines Voiles 1955 et 1957.

mardi 4 août 2015

Les noms des Îles en 1713

Isle St-Jean, isles de Miscou, isles de la Madelaine, coste d'Acadie, isle Royale.  La version complète de cette carte est disponible à la Bibliothèque Nationale de France
Il est intéressant de remarquer que déjà la Pointe au Loup (au singulier) existe dans sa version française et que l'île de Havre-aux-Maisons n'en mentionne qu'une seule (maison).

La carte suivante, non datée mais indiquée 16__ (XVIième siècle), fait partie de la Division 7 du portefeuille 125 du Service hydrographique de la marine consacrée aux Iles-de-la-Madeleine de la Bibliothèque nationale de France. Elle est donc encore plus ancienne que celle de 1713, mais à la forme un peu similaire; son auteur a relevé surtout les éléments qui sont pertinents aux activités de l'époque (la chasse aux morse et aux loup-marins, ainsi que la pêche). Elle comporte donc le nom plus précis de plusieurs lieux ainsi que les profondeurs d'eau pour s'y rendre. 


lundi 3 août 2015

Les 250 ans d'histoire des acadiens des Îles-de-la-Madeleine ou la date historique du 3 août 1765

3 août 1765:

Signature, par 17 Acadiens et 5 Canadiens, du serment d'allégeance au Roi d'Angleterre. Les signataires étaient engagés par Richard Gridley pour la chasse à la vache marine et au phoque.

Les 250 ans d'histoire des acadiens des Îles-de-la-Madeleine ou la date historique du 3 août 1765

La date de signature du serment d'allégeance des engagés de Richard Gridley correspond au 3 août 1765. C'est aussi en 1765 que Samuel Holland, arpenteur général du district nord de l'Amérique du nord, effectue un voyage d'exploration aux Îles et produit un rapport sur les activités qui s'y produisent. C'est sans nul doute ce qui permet de situer au moins à 250 ans l'arrivée des premiers résidents des Îles sur une base permanente.

Mais comme plusieurs marchands, dont par exemple, les frères Antoine et Joseph Pascaud étaient déjà engagés depuis plusieurs années aux Îles, il est fait mention dès 1734, et même avant, de la présence régulière de canadiens engagés pas ces derniers. Il semble tout à fait possible selon la tradition orale et quelques écrits du XiXe siècle, que les Îles étaient déjà occupées de façon permanente avec des chasseurs autonomes ou engagés des concessionnaires français. De plus, un nombre croissant d'acadiens ont devancé le Grand Dérangement et fuit l'Acadie et St-Pierre et Miquelon où ils s'étaient également réfugiés dès les premières hostilités. Il ne faut pas oublier que dès 1714*, les îles sont visitées par des missionnaires venus aider les pêcheurs qui s'y trouvent

En 1757, l'officier retraité de l'armée britannique Gridley, ancien compagnon d'arme du Général Wolfe aux plaines d'Abraham, conçu le projet d'établir la formation d'un lieu de chasse et pêche destiné à l'exportation, particulièrement des produits de la chasse aux morses qui déclinait mais était extrêmement lucrative. En 1761, il amène avec lui aux Îles-de-la-Madeleine, des "acadiens réfugiés" qui avaient échappé aux déportations et dont il savait posséder une certaine expertise dans cette chasse. Certains d'entre eux, dont deux frères Arseneau, auraient même été prisonniers et libérés par le fait même grâce aux activités de Gridley. Celui-ci se sert d'eux pour exploiter les ressources qui s'offrent à lui en pleine guerre. C'est à Havre-Aubert que l'établissement principal de Gridley s'installe avec les colons mais les activités printanières de chasse se font surtout dans des postes situés à la Pointe de l'est, à la Grande-échouerie (Sea Cow Path), et à l'automne, à la petite échouerie de l'ouest (Gros-Cap) et celle de Pointe-Basse. On peut voir une carte situant le poste principal de Gridley à Havre-Aubert, dans le livre de Pauline Carbonneau (Découverte et peuplement des Îles-de-la-madeleine) et le lieux des autres postes sur la carte de Samuel Holland (1965)

L'auteure Pauline Carbonneau présente quatre pages de son livre spécifiquement sur les engagés de Gridley. Puisant entre autre sa source des écrits de son père et des textes généalogiques de Rose-Délima Gaudet, elle y présente les premiers habitants comme dix Arseneau, un Doucet (Ducette) et un Desroches (De Ruche), deux Poirier de Malpèque, quatre Boudreau (Budero) de l'Ile St-Jean et du Cap-Breton, trois Haché (Gallant) et un Chiasson de St-Pierre du Nord. Conservés par la tradition orale, un Snault (Arseneau) d'origine marseillaise, un Noël de l'Île Jersey et un Therriau sont ajoutés à la liste des écrits traditionnels par Rose-Délima Gaudet. On apprend que ces trois hommes se fixèrent à l'Échouerie de Pointe-Basse où Gridley avait des employés. celles-ci furent abandonnées à trois anglais d'Argyle (Baie Ste-Marie) qui se voudraient donc les premiers anglophones à se fixer aux Îles: James Clarke, Georges Goodwin et John Rankin.


Comme Gridley doit constamment convaincre les autorités britanniques que les acadiens et Micmacs embauchés aux Îles ne bénéficient pas d'un traitement de faveur, c'est le serment d'allégeance signé le 3 août 1765 par ses 22 engagés ( 17 acadiens et 5 canadiens), qui servira à imposer une date d'installation définitive aux Îles-de-la-Madeleine.



En 1777, un journal des activités de chasse et pêche du contremaître de Gridley, conservé au Musée du Nouveau-Brunswick, rapporte les événements journaliers de ces saisons de chasse. On y fait mention des Français Charles Boudrot, Antoine Arseno, Joseph Boudrot, Joseph Chiasson et Pierre Le pierre. En voici une partie traduite par Jeannot Poirier:



Mardi premier juillet 1777
Bonne brise du SW et beau temps
Personnel employé comme d`habitude.
Chassé les vaches marines avec le Redland.

Mercredi 2
Brise légère du SSW et temps clair.
Le Redland est descendu.
Personnel employé à couper les broussailles.

Jeudi 3
Brise fraîche du SW et temps clair
Personnel employé comme d’habitude.

Vendredi 4
Coup de vent du SW et temps clair
Personnel employés à couper les broussailles pour le jardin.

Samedi 5
Coup de vent frais du SW et le temps par rapport à la nuit dernière a été semé d’averses. Personnel employé à enlever les broussailles pour le jardin.

Dimanche 6
Vent faible du NW et temps clair vers le soir. Gros nuages avec quelques averses




* Félix Pain, premier missionnaire

Références: 

Capsules historiques apparaissant sur le blogue du Centre d'archives régional des Îles depuis 2013: textes compilés par Hélène Chevarie, archiviste et Simon Boudreau, historien et archiviste au Musée de la Mer.

Fortin, Jean-Charles et Paul Larocque. Histoire des Îles-de-la-Madeleine, IQRC, 2003, p.75-79

The Burke chronicles edited by Ernest MacDonald, 2007, p.225

Arsenault, Bona. Histoire des Acadiens, 1966, p. 104

Eccles, J. W. «Guerre de Sept Ans». In L’encyclopédie canadienne. Toronto : Historica-Dominion.

Poirier, Michel. Les Acadiens aux îles Saint-Pierre et Miquelon. Moncton : les Éditions d’Acadie, 1984, p.7, 46 et cartes p. 23-25

Carbonneau Pauline. Découverte et peuplement des Îles de la Madeleine, Humanitas, 2009, p.65-72.

Falaise, Noël. Les Îles-de-la-Madeleine sous le régime français, Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 4 no 1, 1950, pp.17-18

GAUDET SR, Rose-Delima. La place de l’Église catholique aux Îles-de-la-Madeleine. Sessions d'étude-Société canadienne d'histoire de l'Église catholique, 1979, vol. 46.

GAUDET, Placide. Le Grand Dérangement : Sur qui retombe la responsabilité de l'Expulsion des Acadiens, Ottawa, Ottawa Printing, 1922, 84 p. (disponible en PDF)


Traduction libre du document "The marriages of Les Iles-de-la-Madeleine 1794-1900 du Père Dennis M. Boudreau, 1980.





dimanche 2 août 2015

Juste avant le Grand Dérangement en 1755... et à l'arrivée des premiers colons

Embarquement des acadiens en 1755, Library and Archives Canada no 1972-26-587
En 1713, le traité d'Utrech met fin à la guerre entre la France et l'Angleterre. Les Îles demeurent possession de la France. En 1720, l'administration des Îles relève du gouverneur de Louisbourg. On peut se douter que durant cette période, les expéditions jusqu'aux Îles continuent de n'être consacrées qu'à la chasse aux morses et aux phoques comme du temps de la Compagnie des cent associés. 

Les frères Antoine et Joseph Pascaud, de La Rochelle, obtiennent en 1742 le privilège exclusif de cette chasse aux Îles, sous la supervision du gouverneur, après que le sieur Harenedé, de Louisbourg en eut le privilège exclusif de 1731 à 1734 et non exclusif jusqu'à sa mort en 1742.  Lors de la première visite des Pascaud, des Acadiens et Canadiens de Montmagny et Kamouraska étaient déjà là du temps du régime Harenedé, eux qui avaient pris l'habitude d'y venir chaque été pour le prélèvement d'huile et certains semblaient s'y être fixé vu l'absence de surveillance sous ce régime. Les Pascaud engagèrent ces émigrés mais lorsqu'ils sont repartis à La Rochelle, ces engagés durent abandonner les Îles durant le recrutement de l'armée de la guerre de Sept ans, après avoir vainement tenté d'en obtenir la concession. (Falaise 1950, p. 27). Durant cette domination française, il ne semble pas y avoir de missionnaires qui aient passé un hiver aux Îles, bien que le père sulpicien Charles-René de Bresley aidé du père Anselme Métivier les aient visité occasionnellement et avant eux, les Pères Capucins et Récollets Isidore Félix et Félix Pain.  Ce travail de missionnaire n'était pas facile puisque le reste de l'Acadie était de possession anglaise depuis 1713. (Gaudet 1979, p.100)

Cette période de relative accalmie ne sera pas maintenue. Les acadiens qui pensaient avoir trouvé la paix en signant des serments de neutralité seront l'objet d'une déportation massive en 1755.



Au milieu du XVIIIe siècle, le gouverneur William Shirley du Massachusetts exerçait une puissante influence sur toutes décisions d’importance prises par les autorités de la Nouvelle-Écosse. L'arrivée du nouveau gouverneur Charles Lawrence, reconnu pour son «caractère haineux et violent » et revenant à la charge contre les acadiens avec le serment d’allégeance envenime les relations avec les colonies pacifiques. Pour lui et ses conseillers, William Shirley et le juge Jonathan Belcher de Boston, le refus des Acadiens de la Nouvelle-Écosse de prêter le serment de fidélité au roi signifiait qu’ils avaient l’intention de prendre les armes aux côtés des Français et des Canadiens contre les troupes anglaises dans l’éventualité d’un nouveau conflit.

Il faut rappeler que les Acadiens occupaient les plus belles terres (propice à l’agriculture) de la Nouvelle-Écosse et que leur présence constituait un obstacle à l’établissement de colons anglais. De leur côté, les anglo-américains, en profitent pour se venger sur les Acadiens des attaques incessantes et des raids sanglants dont ils avaient souvent été victimes de la part des Français et leurs alliés autochtones.

Charles Lawrence donnent l'ordre de dispertion des Acadiens de la Nouvelle-Écosse dans diverses colonies anglaises d’Amérique, du Massachusetts à la Géorgie, afin d’empêcher leur retour ou leur ralliement aux forces françaises de Louisbourg. La déportation est dorénavant inévitable. Les premiers embarquements ont lieu vers le 10 août 1755 dans la région de Beaubassin. Lawrence ordonne qu’on brûle toutes les maisons, les églises et les récoltes. 

C’est ainsi qu’environ 2000 Acadiens sont déportés au Massachusetts, 700 au Connecticut, 300 à New York, 500 en Pennsylvanie, 1000 au Maryland, 1200 en Virginie, 1000 dans les Carolines et 400 en Géorgie . En plus, les colonies anglo-américaines n’ont pas été prévenues de l’arrivée massive d’exilés acadiens, sauf en Nouvelle-Angleterre. Les Acadiens souffrent alors des préjugés et de la haine qu’entretenaient à l’époque les puritains protestants envers les français catholiques. Au Massachusetts, certains enfants furent même arrachés de leur famille pour être distribués chez les colons anglais. La déportation se poursuit après la chute de Louisbourg en 1758. Les Acadiens de l’Île Royale (Cap-Breton) et de l’Île-Saint-Jean (l’Île-du-Prince-Édouard) sont capturés et envoyés en Angleterre et en France. En route vers l’Europe, deux navires, le Violet et le Duke William sombrent dans l’océan entraînant quelques 700 passagers , pour la plupart des Acadiens. À la veille du Traité de Paris en 1763, les Acadiens sont dispersés en Europe, dans les colonies américaines et au Canada, vivant dans des conditions misérables. Pendant que les Acadiens sont expulsés de l’Acadie, la guerre de Sept Ans fait rage sur plusieurs fronts en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. 

En 1761, Richard Gridley un ancien compagnon de Wolfe aux Plaines d'Abraham en 1759, amène avec lui aux Îles-de-la-Madeleine, des "acadiens réfugiés" qui avaient échappé à ces déportations. Il s'en sert pour exploiter les ressources qui s'offrent à lui en pleine guerre. C'est à Havre-Aubert que s'installeront ces premiers colons.  La suite dans l'article à venir demain, jour de commémoration du serment.

Références: 

Textes du Centre d'archives régional des Îles et de Simon Boudreau, historien et archiviste au Musée de la Mer
 

Arsenault, Bona. Histoire des Acadiens, 1966, p. 104


Eccles, J. W. «Guerre de Sept Ans». In L’encyclopédie canadienne. Toronto : Historica-Dominion.
Poirier, Michel. Les Acadiens aux îles Saint-Pierre et Miquelon. Moncton : les Éditions d’Acadie, 1984, p.7, 46 et cartes p. 23-25
 
Carbonneau Pauline. Découverte et peuplement des Îles de la Madeleine, Humanitas, 2009, p.65-72.

Falaise, Noël. Les Îles-de-la-Madeleine sous le régime français, Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 4 no 1, 1950, pp.17-18